Les gouvernements africains, fortement encouragés à investir dans des infrastructures durables

4 juin 2015

Les besoins en infrastructures en Afrique sont énormes, alors que l’aide provenant des donateurs et des gouvernements est insuffisante. En conséquence, les gouvernements africains doivent trouver des moyens novateurs de financer le manque d’infrastructures, ce qui implique davantage de partenariats public-privé (PPP).

Tel a été le principal message entendu, au cours de la table ronde « Financement des infrastructures : placer la barre plus haut », qui a eu lieu le jeudi 28 mai, en marge des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) à Abidjan.

Intervenant à cette table ronde, Steve Kayizzi-Mugerwa, vice-président par intérim et économiste en chef de la BAD, a déclaré que les gouvernements pourraient faire davantage pour financer leurs propres infrastructures, par le biais des impôts collectés, par exemple, et pour s’assurer un meilleur entretien et une durabilité des infrastructures, qui profiteront aux populations, en particulier celles en milieu rural.

« Nous pensons souvent aux infrastructures régionales et mondiales, qui ouvrent les frontières, ce qui est très positif. Mais nous devons également penser aux infrastructures locales,» a expliqué Kayizzi-Mugerwa. Il a ajouté que l’accent devrait être mis sur le développement urbain, en particulier sur les éléments souterrains, étant donné que les infrastructures urbaines ne prennent généralement pas en compte l’impact des nouvelles constructions sur le drainage, les égouts et les réseaux hydrauliques.

« Dans de nombreuses villes d’Afrique aujourd’hui, y compris Abidjan, tout est inondé après une journée de fortes pluies. Ce n’était pas le cas avant. C’est un phénomène nouveau ».

Si les villes africaines veulent être des lieux de progrès, leurs infrastructures doivent être repensées, va-t-il souligner.

Mme Neside Tas Anvaripour, directrice d’Africa50, a, quant à elle, précisé que l’Afrique a besoin de 100 milliards de dollars pour ses infrastructures, et que l’énergie à elle seule représente environ 40 % des investissements nécessaires.

« La BAD a soutenu 49 partenariats public-privé (PPP) dans le secteur de l’énergie, et le secteur privé est la clé du développement des infrastructures », a-t-elle ajouté.

Elle a également fait observer que les problèmes d’infrastructure du continent ne relèvent pas seulement du manque de financement, mais aussi du manque de préparation des projets.
Elle a donc appelé à l’adoption d’une nouvelle approche, qui doit être selon elle une approche commerciale. Les pays devraient également « co-développer des projets », a-t-elle ajouté.
M. Mcebisi Hubert Jonas, ministre adjoint des Finances de l’Afrique du Sud, a indiqué l’importance de recourir aux finances publiques pour développer les infrastructures, si tant est que ce recours est guidé par un cadre politique et juridique établi.
M. Patrick Achi, ministre des Infrastructures économiques de la Côte d’Ivoire, a relevé quant à lui l’absolue nécessité d’une volonté politique d’investir dans les infrastructures de la part des pays africains.
Autre solution originale proposée, les « obligations diaspora » pourraient aider à financer les infrastructures en Afrique. « Les gens aiment toujours leurs pays, même s’ils vivent en Amérique ou en Europe », a déclaré M. Steve Kayizzi-Mugerwa, en ajoutant que beaucoup d’investisseurs de la diaspora ne cherchent pas nécessairement à obtenir un retour sur un tel investissement. « Ils veulent juste voir que les choses changent sur le terrain ».

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