COP27 : Les partenaires africains et mondiaux lancent une alliance de plusieurs milliards USD pour les infrastructures vertes

11 novembre 2022
  • Une alliance pour lever jusqu'à 500 millions de dollars USD de capitaux pour la préparation et le développement de projets en phase initiale. Objectif : renforcer la bancabilité des projets et générer jusqu'à 10 milliards de dollars USD d'opportunités d'investissement pour le secteur privé.

 

Charm El Cheikh, le 11 novembre 2022 - L'Union africaine, le Groupe de la Banque africaine de développement et Africa50 - en partenariat avec plusieurs partenaires mondiaux - ont lancé l'Alliance pour les infrastructures vertes en Afrique (AGIA), une initiative visant à accroître et à accélérer le financement des projets d'infrastructures vertes en Afrique.

Les partenaires mondiaux qui collaborent avec l'Union africaine, la Banque africaine de développement et Africa50 sont l'Agence de développement de l'Union africaine, la Banque européenne d'investissement, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, l'Agence française de développement, la Fondation Rockefeller, la US Trade and Development Agency, le Global Center on Adaptation, le Private Infrastructure Development Group et le Forum des investisseurs souverains africains.

La cérémonie de lancement a eu lieu mercredi en marge du 27e Sommet annuel mondial sur le climat (COP27) qui se tient actuellement à Charm El-Cheikh, en Égypte.

La mission de l'Alliance est de lever des capitaux importants pour accélérer la transition juste et équitable de l'Afrique vers la neutralité carbone. Elle a deux objectifs stratégiques. Le premier est de créer une solide réserve de projets transformateurs bancables. Le second est de catalyser des financements à grande échelle et rapides pour les infrastructures africaines.

Après l'annonce du partenariat UE-UA lors du 6e sommet Union européenne-Union africaine à Bruxelles en février de cette année, les partenaires ont commencé leur travail de collaboration et ont défini quatre piliers d'action collective :

Préparation et développement des projets – Ce pilier soutient la transformation des projets du concept en propositions bancables. Il permet également de constituer une solide réserve de projets d'infrastructure verte bancables.

Notation des projets – Ce pilier établit des critères d'éligibilité verts et des lignes directrices pour la notation des projets d'infrastructure. Il apporte également une assistance technique pour renforcer les capacités du secteur public.

Cofinancement et réduction des risques – Ce pilier fournit les instruments de réduction des risques nécessaires pour faciliter l'investissement et élaborer un cadre clair afin de mobiliser des fonds propres et des fonds d'emprunt pour les infrastructures vertes auprès des membres de l'AGIA et d'autres sources.

Investisseurs institutionnels – Le pilier Investisseurs institutionnels facilite la mobilisation de fonds auprès des investisseurs institutionnels mondiaux et africains et permet de tirer parti des marchés de capitaux africains et internationaux pour encourager les émissions d'obligations vertes et le financement de projets.

L'Alliance pour les infrastructures vertes en Afrique lèvera jusqu'à 500 millions de dollars USD pour fournir des capitaux de développement de projets en phase initiale. Ces capitaux permettront de créer une solide réserve de projets bancables, depuis la phase de préfaisabilité jusqu'à la clôture commerciale et financière. L’initiative devrait générer jusqu'à 10 milliards de dollars USD d'investissements dans les infrastructures vertes. Ce montant sera mobilisé en associant des co-investissements, des cofinancements, des instruments de réduction des risques et des financements mixtes fournis par les membres de l'Alliance. Ces fonds proviendront également d'autres institutions financières et fondations, d'investisseurs institutionnels publics et privés mondiaux et africains, de promoteurs de projets, d'opérations souveraines de banques multilatérales de développement et de bailleurs de fonds bilatéraux du G20.

Les secteurs prioritaires de l'Alliance sont l'énergie, les transports, l'eau et l'assainissement, les infrastructures de santé, les infrastructures de haut débit, les infrastructures urbaines et rurales. L'Alliance financera des programmes à grande échelle, tels que des mégaprojets solaires ou des projets d'hydrogène verts, ainsi que des initiatives de capital-risque plus modestes, telles que des projets de technologies propres, de stockage de l'énergie ou de solutions d'e-mobilité.

Dans son discours d'introduction, le président du Groupe de la Banque africaine de développement, M. Akinwumi Adesina, a indiqué : « L'AGIA est une nouvelle plateforme qui répond à l'appel des dirigeants du G7 en juin de cette année. Ces dirigeants avaient alors demandé que le partenariat sur les infrastructures et les investissements mondiaux mobilise 600 milliards de dollars dans les infrastructures d'ici 2027, notamment pour soutenir des infrastructures durables, de qualité et résilientes au changement climatique ».

M. Adesina a ajouté : « Nous avons besoin de vous tous, car la tâche à accomplir en Afrique est tout simplement énormes. Ce n'est qu'en travaillant ensemble et en mettant en commun nos ressources que nous pourrons avoir un impact transformateur et mettre l'Afrique sur la voie de la neutralité carbone et de l'atténuation des effets du changement climatique. On estime que l'Afrique nécessite 130 à 170 milliards de dollars de financement d'infrastructures par an, mais le déficit de financement peut atteindre 108 milliards de dollars par an ».

« La majeure partie des infrastructures pour l'Afrique n'a pas encore été construite. Cela nous donne une excellente occasion de bien faire les choses. Construire des infrastructures vertes, adaptées au climat et résilientes au changement climatique ».

Le commissaire de l'Union africaine à l'énergie et aux infrastructures, Dr Amani Abou-Zeid, a précisé : « Les institutions africaines doivent privilégier la préparation des projets au stade précoce, les interventions visant à réduire les risques et la mise en place d'un environnement des affaires robuste pour attirer les investisseurs de toutes les régions du monde. Nous voulons nous mobiliser autour de projets prioritaires qui conjuguent tous nos efforts pour aboutir. Nous devons à présent intensifier nos efforts et agir plus rapidement et à grande échelle ».

Alain Ebobissé, directeur général d'Africa50, a pour sa part affirmé : « Je suis enthousiasmé par le mandat de l'AGIA. Il s'agit d'une initiative axée sur les résultats, qui permet de faire passer rapidement des projets du stade de la conception à celui de la bancabilité. Je me réjouis de m'associer à davantage d'institutions de développement et d'acteurs du secteur privé en Afrique et dans le monde, afin de mobiliser des ressources supplémentaires, pour que nous puissions déployer les 10 milliards de dollars que nous avons fixés comme objectif pour les investissements dans les infrastructures vertes et durables de l'AGIA. »

Organisée au Pavillon Afrique de la COP27, la cérémonie a réuni des dirigeants mondiaux, des responsables d'institutions de financement du développement et des représentants d'entreprises du secteur privé. Elle a également été l'occasion d'une table ronde sur le thème "Une Alliance pour les infrastructures vertes en Afrique : une voie à suivre pour que les pays africains accélèrent leur transition vers la neutralité carbone".

Ont participé à cette table ronde Dr Amani Abou-Zeid, commissaire de l'Union africaine, Alain Ebobissé, directeur général d'Africa50, Obaid Amrane, directeur général d'Ithmar Capital et président du Forum des investisseurs souverains africains, Patrick Verkooijen, directeur général du Global Center on Adaptation, Dr Rajiv J. Shah, président de la Fondation Rockefeller, Ambroise Fayolle, vice-président de la Banque européenne d'investissement, et Tony Blair, ancien Premier ministre britannique.

Ambroise Fayolle, vice-président de la Banque européenne d'investissement, a souligné : « La préparation des projets et l'accès aux financements sont parmi les principaux obstacles à la mise en place d'infrastructures vertes et résistantes au changement climatique en Afrique. L'annonce faite aujourd'hui de la création de l'Alliance pour les infrastructures vertes en Afrique marque une étape importante dans l'accélération et le renforcement des financements provenant de sources publiques et privées. La BEI est ravie de rejoindre l'Alliance et de travailler en étroite collaboration avec l'Union africaine, la Banque africaine de développement, Africa50 et ses partenaires pour faire de cette nouvelle initiative un succès ».

Rajiv Shah, de la Fondation Rockefeller, a déclaré : « L'Afrique est en première ligne des crises climatique, énergétique et alimentaire mondiales, et pourtant c'est elle qui a le moins contribué à ces crises. Le continent n'est responsable que d'environ 3 % des émissions de gaz à effet de serre historiques. Grâce à des initiatives innovantes comme l'Alliance pour les infrastructures vertes en Afrique, les Africains peuvent mener une révolution énergétique propre qui permet d'éviter une catastrophe climatique et d'étendre l'accès à l'électricité et aux opportunités économiques sur tout le continent ».

Obaid Amrane, d'Ithmar Capital, a précisé : « L'AGIA est là pour apporter des solutions. Je suis convaincu que nous pouvons rendre l'Afrique plus verte, tant pour la production d'électricité que pour aider l'Europe à rendre son industrie plus verte. C'est aussi l'occasion de créer des emplois pour les jeunes ».

Ambroise Fayolle, de la Banque européenne d'investissement, a expliqué : « Ce qui nous plaît dans cette initiative, c'est qu'elle touche à deux aspects primordiaux : la possibilité de dynamiser la préparation des projets et d'apporter des capitaux privés. Nous serions heureux d'apporter les capitaux nécessaires à la réussite de ces projets. Le climat est une priorité essentielle pour la BEI et l'Union européenne. Nous avons pour mandat de soutenir des projets verts en Afrique. L'Afrique représente déjà près de la moitié de notre portefeuille. L'approche pragmatique de cette alliance me rend optimiste. Nous devons apporter des solutions qui sont reproductibles et que nous pouvons reproduire dans des projets dans différentes régions d'Afrique. L'important, c'est de savoir si nous sommes capables d'obtenir des résultats rapidement ».

Dans son discours de clôture, Tony Blair a affirmé : « Nous ne résoudrons ce problème qu'en prenant des mesures fortes, fondées sur des plans et une mise en œuvre pratiques. Il est important que les États se développent de manière durable. La question n'est pas seulement de savoir comment nous parvenons à amener les financements et les investissements en Afrique, mais aussi comment les États eux-mêmes se préparent à absorber ces financements ; c'est l'autre partie de l'équation, et c'est pourquoi la préparation des projets est si importante ».

« Il s'agit toujours d'un partenariat. Je ne pense pas que le problème soit un manque de volonté ou d'intérêt de la part des populations africaines ou de leurs gouvernements. C'est une question d'organisation, de mise en place des bons éléments pour que la vision devienne réalité. Et si j'ai appris une chose en faisant partie d’un gouvernement, c'est que le plus difficile est de faire bouger les choses. Nous pouvons rédiger des rapports et avoir de grandes visions. Mais, en fin de compte, c'est la mise en œuvre qui compte. »

La COP27, que l'on appelle souvent la COP africaine, est l'occasion de mettre en lumière les besoins, les circonstances et les opportunités spécifiques du continent africain. La Banque africaine de développement, conjointement avec la Commission de l'Union africaine, la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique et l'Agence de développement de l'Union africaine, ont mis en place un Pavillon de l'Afrique à la conférence.

Le Pavillon de l'Afrique offre un espace de rencontre et de stratégie pour que l'Afrique puisse défendre ses positions et ses intérêts communs lors de la COP27. Il offre une plateforme pour renforcer les partenariats stratégiques afin de mobiliser de nouvelles ressources financières et de façonner le récit mondial de la COP27 sur des questions essentielles telles que la transition énergétique juste, les solutions fondées sur la nature, le financement de l'adaptation ainsi que les pertes et dommages.

Contacts médias :

Banque africaine de développement : Amba Mpoke-Bigg, email : a.mpoke-bigg@afdb.org

Africa50 : Nana Boakye-Yiadom, email :  n.boakyeyiadom@africa50.com

 

Catégorie: Communiqués de presse